Hum,
par rapport au marxisme d'A. Soral : il a sa façon, comme tout
le monde, de travestir cette pensée et cette méthode. Lui réduit
le marxisme en fonction de son amour fou pour la France, comme le
montrent talentueusement des éditoralistes d'Esprit68. Par rapport à
son antisémitisme j'en dis que parfois il est accusé grossièrement,
de manière abusive et honteuse, mais que d'autres fois son
confusionnisme justifie la présence d'une précaution raisonnée et
d'une tendance à penser qu'il n'assume pas cet état d'esprit
hautement contestable.
Oui,
clairement, Soral est judéophobe. Le principe est exactement le même
que l'islamophobe Christine Tasin dont on peut lire un article sur Boulevard Voltaire. Bien
que la religion soit selon moi définie en substance par une extrême
ambivalence, vous lui retirer cette quintessence pour qu'elle ne soit
plus que négative. Vous la réduisez à une idéologie dominatrice
et répressive et à des traits culturels comme la violence, le
machisme, la cupidité, le mensonge tribal, la solidarité dans le
vice, etc. De ce fait vous considérez les membres de cette religion
comme des victimes de cette dernière et c'est à vous d'insister sur
ce que vous respectez ces prétendues victimes si vous ne voulez pas
être trop réprouvé. (Les islamophobes sont les bienvenus dans les
émissions mais pas les judéophobes : droit d'expression à
deux vitesses.)
Soral
joue sur la connerie de son public et parfois il se trouve dans des
situations d'urgence où il doit le rendre plus intelligent qu'il ne
l'est. Je m'explique : quand des militants d'E&R lui font
souvent remarquer que « Poutine est allé en Israël » et
que donc « c'est un salaud », il doit prendre ce ton
« profé-soral » qui sert à faire comprendre que le
monde idéologique qu'il a lui-même dessiné et en réalité un
monde complexe. Pour s'en sortir dans le rapport tumultueux entre la
bêtise et l'intelligence de son public, il joue entre la
simplification (vision idéologique du monde) et la complexification
paradigmatiques.
Ainsi,
parfois, de manière ad hoc, pour arranger ses différents
raisonnements ou justifier ses contradictions, il fait des rappels
évidents sur l'existentialisme de l'homme et sur la multipolarité
du monde (complexification nécessaire à la compréhension de
l'homme et du monde) alors que la plupart du temps, tout à fait au
contraire, il se révèle essentialiste et bipolaire. Par exemple, il sort des roues de secours quand il est contredit lors d'une conférence à Nice. On lui parle d'intérêts communs entre une poignée d'Américains et de Russes dans le trou du cul de la Sibérie, ce qui aura rapidement pour effet de le vexer dans sonorgueil démesuré. L'homme
qui a posé la question, il le qualifiera de « petit con »
après avoir rappelé de façon intellectualisante :
- Que l'on est formés à la binarité à travers le système (sûrement le PAF et la presse), donnant une mentalité de pour ou contre, de PSG contre OM, et que la question qui vient de lui être posée, relevant de cette binarité, est donc sans intérêt.
- Que les phénomènes ont des pluridéterminations = ce qui est expliqué l'est toujours par une conjugaison de facteurs.
- Que les choses peuvent être partiellement vraies et partiellement fausses en même temps, qu'en d'autres termes la logique dialectique apporte des outils épistémologiques absents de la logique formelle usuelle présentée comme impuissante à décrire le monde (on remarque un discours verbieux, « profé-soral », et je ne suis pas sûr ce soit nécessaire ici, peut-être un procédé persuasif)
Un
exemple parmi d'autres. Toute séance « profé-soral »
tranche net avec la tendance immodérée d'Alain Soral à
bipolsariser un monde qui opposerait deux camps :
- Le premier camp : l'' « Empire » formé par les E.-U., Israël, la franc-maçonnerie, la classe sociale « parasitaire » qui gagnerait beaucoup en ne participant pas à la production économique et énormément d'idiots utiles de toutes sorties. Ceci par le biais du sionisme activiste et tribaliste, de l'intégrisme néo-conservateur anglo-saxon, du mondialisme, de la finance, du libéralisme libertaire et de la bienpensance hégémonique qui permettrait subtilement des abus de pouvoir de différentes sortes.
- Le deuxième camp : les nations ayant décidé d'être souveraines plutôt que de se soumettre à l'Empire, les patriotes des nations anti-impériales indirectement défenseurs d'un monde culturellement différencié, les hommes ayant pris pour exemple le Christ ou Mahomet pour préférer le pardon à la rancoeur et le partage à l'abondance cupide, les hommes attachés à la tradition et les classes sociales populaire et moyenne participant à l'activité productive et assumant le principe de réalité au sens freudien.
On
a compris que Soral était un con. C'est bon !
Certains
ont des obsessions écologistes, pour la cause homo ou animale.
Est-ce un problème ? Non, c'est leur vie. Soral a son propre
combat contre l'activisme sioniste et le communautarisme juif. Merci
aux écologistes et autres de faire un effort d'argumentation et
merci à Soral, même s'ils sont tous de mauvaise foi. Malgré ses
tares de sophiste contradictoire, comment retirer à Soral qu'il est
le seul en France à nous donner des indices sur le communautarisme
juif et l'activisme sioniste ? En effet, je ne sais pas dans
quelle tour d'ivoire vous vivez mais nous, en France, on est sommés
par le PAF de considérer le danger d'un communautarisme musulman.
Sachant que la tendance n'est pas fondamentalement musulmane mais
humaine, on s'intéresse logiquement à l'angle d'attaque d'Alain
Soral sur d'autres possibles communautarismes et si vous en pensez
les Juifs incapables, dîtes-le tout de suite. Soral n'est pas mon
guru, il est con-plémentaire ! Il complète les autres et il
est comme il est. Au principe de précaution contre l'antisémitisme
acquis via l'' « Education » nationale et les
médias, il ajoute d'autres principes de précautions dans notre
tête, même s'il tend à effacer le premier...
Alain
Soral, il est comme tout ceux qui ont déjà considéré le fait
qu'un raisonnement pouvait être neutre et objectif : quand il
ne ment pas, il est tiraillé entre la nécessité d'être le plus
juste et objectif possible et la tentation de laisser son cœur et
son idéologie guider sa raison. On a tous une
Weltanschauung (paradigme
en fonction de sa sensibilité intellectuelle) qui dans ma métaphore
est d'autant plus chaude qu'elle est ancrée, partisane, morale et
émotionnelle : chez la plupart des hommes, elle est bouillante
et ces hommes ne quittent pas la doxa ; chez les quelques autres
elle varie entre le chaud et le tiède avec parfois la prétention de
l'avoir froide contrairement à ses adversaires. Mais l'avoir froide
demande un travail quotidien d'expérience de toutes les perspectives
possibles afin de prendre un recul philosophique et politique
relevant de la belle utopie.
Mézigue,
je pense que l'ancrage politique (et philosophique (et a fortiori
votre caractère, votre personnalité, votre goût)) n'est pas absent
de vos billets, que vous masquez mal la chaleur de votre
Weltanschauung. Pour deux raisons :
- Premièrement votre définition de l'antisémitisme n'est pas réduite au racisme anti-juif mais est plus large comme l'atteste votre citation de Taguieff (il existe pourtant d'autres options comme assimiler racisme anti-juif et ce terme d'antisémitisme rendu alors obsolète, option vigoureusement défendue par E&R qui présente la distinction racisme/antisémitisme comme l'indice d'une marque de racisme anti-goyim) ;
- Deuxièmement chez vous Soral est rapidement un bouffon alors que d'autres présentent exactement, sous d'autres formes, les mêmes tares d'orgueil, d'essentialisation, de sophisme, etc. Soral est au même niveau que ses adversaires mais c'est le seul bouffon.
Donc
vous n'êtes pas froid. Il y a une once d'animosité et de politique
chez vous. Votre ironie intellectualisante ne trompe pas.
On
peut retirer à Soral les titres qu'il se donne abusivement mais il
restera un écrivain engagé, un « artiste » comme le
qualifiait Dieudonné.
Un
artiste qui pousse des citoyens de familles chrétiennes, musulmanes,
athées ou même « juives du petit peuple » (Soral appelle les Karaïtes du XXIe siècle à le rejoindre) à lire des
livres pour acquérir une conscience politique que la société de
consommation est loin de leur apporter. Il est bouleversant de voir
ces banlieusards dévorer des pavés sur l'Histoire de France parce
qu'ils y ont été motivés par un mouvement politique dont la
franch(ouillard)ise n'a aucun égal.
Un
souci étant que parmi ces ré-éditions se trouvent des bouquins
expliquant et justifiant l'antisémitisme. Ainsi beaucoup de lecteurs
sont poussés à avoir dans l'idée de lutter contre l'envahisseur
juif... ça y est, je l'ai dit : les ré-éditions de Kontre
Kulture et le phénomène constaté chez les sympathisants est
comparable à un phénomène années 30 qui dément la prétention de
Soral de ne dénoncer que le débordement juif. L'homme dans sa
bêtise transforme « débordement juif » en « juif »
par paresse dans l'expression orale ou écrite, tandis qu'il n'est
pas aidé par la tendance de Soral au glissement sémantique et au
confusionnisme. Il suffirait pourtant à ce dernier d'éduquer son
public au danger de l'antisémitisme, mais comme il s'appuie sur ce
sentiment pour vendre...
Par
ailleurs, Soral est un écrivain qui apportait jusqu'à 2010 son
angle frais, dissident et intéressant chez Taddéï. Mézigue, vous
cherchez l'antisémitisme là où est probablement mais n'avez-vous
pas la même démarche avec le plausible abus de pouvoir sioniste et
l'arbitraire qu'il réintroduit ? Concernant ce dernier, vous ne
cherchez pas à vous informer plus avant sur les prétentions, les
enquêtes et les preuves qui s'accumulent (Wiesel nan ?!) ? En 2013 quand
on prétend s'intéresser au monde dans lequel on vit, il faut
vraiment être dépourvu de curiosité intellectuelle ou aveuglé par
le phénomène laïquement religieux construit autour de la Shoah
pour ne pas s'intéresser aux articles d'E&R – et quand je
parle des articles d'E&R, je parle de quelque chose d'évidemment
beaucoup plus vaste que l'oeuvre de Soral.
P.S. :
Dans l'idéal on s'exprimerait sans l'influence de ses appartenances
diverses (philosophiques notamment) et sans son identité d'homme
(jugements de goût quand on estime l'humour de Dieudonné, caractère
personnel quand on le heurte à celui de Soral, etc). Le problème,
c'est l'identité, qui définit les acquis et les limites du cœur et
de la raison chez un tel, qui entraîne l'absurdité de la volonté
d'être objectif ; mais qui entraîne aussi, de façon plus
réjouissante, l'enjeu perspectiviste d'aller comprendre les AUTRES
points de vue. Et parmi ces paradigmes imparfaits figurent notamment
les points de vue torturés de Soral et même de Robin qui dans sa
pathologie et sa bêtise indéniables nous aide (bien peu) à
relativiser notre vision de la gauche. Je n'ai pas le mépris aussi facile que vous, et j'ai raison. C'est mon perspectivisme qui
me pousse vers la différence et je pense que c'est un principe de
sagesse nécessaire à une démocratie authentique.
Taddéï
est un esprit libre que j'admire. Il a une ouverture d'esprit assez
exceptionnelle dans le monde médiatique et un sens du perspectivisme
prononcé. Je crois qu'on n'avait pas vu de présentateur d'émission
intellectuelo-culturelle aussi froid, amoral et donc professionnel
depuis Bernard Pivot et son Apostrophe. En effet, à l'époque, les émissions culturelles, ils faisaient de la culture, juste de la culture, pas de la morale.
Après un rapprochement entre Taddéi
et le vieux Pivot, je ferais un rapprochement assez facile entre
Desproges et Dieudonné. A l'époque les tabous intellectuellement
inhibiteurs n'étaient pas les mêmes. Israël était légèrement
plus critiquable sans entraîner lynchage général.
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