[Je
n'ai fait aucune promotion pour ce blog à l'exception d'un
commentaire supprimé chez Tatamoche. Je poste des pavés de
correspondance ici.]
Bien
le bonjour,
Vous
faîtes mine de me démasquer sur le fait que je serais l'auteur d'un
commentaire où il est question d'une démarche réactive vis-à-vis
d'E&R, me reprochez le terme de « bouder » et
prétendez que ce qui vous « caractérise en premier lieu est
l'inverse de cette attitude infantile ».
Je
vois mal comment il était possible de prendre l'usage du verbe
« bouder » comme autre chose qu'un boutade. En outre il
devrait apparaître clairement que j'ai utilisé mon compte Google,
ainsi que ma formulation usuelle « bien le bonjour »...
(et là, je m'abstiens de faire un commentaire sarcastique et un
jugement de valeur sur la personne, ce que vous faîtes
systématiquement tout en rejetant tout caractère infantile)
J'ai
donc toujours 19 piges et demi, suis toujours « Bonjour », suis toujours
intéressé par votre blog et dans le profit constant grâce à votre
activité régulière de passerelle sur internet. Je ne cherche pas à
me cacher, je n'en vois pas l'intérêt. Rien n'a changé. Ah si, un
détail : la volonté dorénavant d'éviter l'enlisement quand
je m'adresse à un correspondant qui fait dans l'exhaustif en
ratissant les messages entièrement et commente tout, qui ne décrypte
pas du tout dans les aléa sémantiques liés à ce qu'on a une
compréhension différente des mots et qui préfère exprimer des
constats sans concession sur le niveau de son interlocuteur plutôt
qu'apporter un contenu meilleur. Quant aux insultes sur les
différents blogs où vous commentez, elles ne sont souvent que des
garnitures, donc ne dérangent pas, mais je les vois bien remplacer
de l'argumentation dans vos jours de fatigue ; quoiqu'il en
soit, est-ce une qualité d'être dans l'insulte quasi-systématique ?
Ne
pas s'enliser.
Par
rapport à Lys Noir : je ne serais susceptible d'approuver la
phrase « Non, Breivik n'est pas un monstre » que si
j'étais certain qu'elle était purement descriptive, sans normatif -
politique, axiologique. La présence de normatif ferait d'elle une
apologie du crime.
Au
delà de la difficulté de certains de ces rédacteurs à accorder
les participes passés, ce webzine semble être un exemple d'une
certaine extrême droite cherchant à être plus globale que la
moyenne. On y constate un rejet de la logique du bouc-émissaire au
profit d'un ennemi qui est une tendance anthropologique du monde. Par
exemple, on pense comme d'habitude une tendance lourde à
l'indifférenciation des « androgynes en devenir » mais
qui ne débouche pas cette fois sur une Israël qui serait la seule
identité à ressortir de la masse grise au terme d'un projet de
« nouvel ordre mondial ». Non, cette fois, les
diagnostics, ennemis et solutions partiels sont regardés de haut par
un Lys Noir surplombant. Surplombant les divers ennemis traditionnels
de l'extrême droite mais aussi les mouvements les plus dérangeants,
impertinents ou dissidents à condition que ceux-ci désignent un
ennemi limité : ainsi une Marine Le Pen, un Taguieff, un Dieudonné,
un Finkielkraüt, etc, tous sont concernés car ils sont emphatiques
dans leur méfiance vis-à-vis de phénomènes comme le « sionisme
larvé » ou « l'islamisme rampant ». Ils ne
verraient pas plus loin que le bout de leur nez.
L'anti-modernisme
radical du Lys Noir le pousse à réprouver tout ce qu'il perçoit
autour de lui. Les dernières avancées de la technique et du
progressisme l'horripilent quand il constate l'ampleur des dégâts
qu'il leur impute, la dévirilisation de l'homme n'étant qu'un
exemple parmi tant d'autres, car monsieur est totalisant, et tout va
mal. (Espérons qu'ils s'exprimeront sur le mauvais usage d'une
technique contemporaine acceptée pour ce qu'elle est, sujet qui peut
être plus porteur qu'une anathème de la technique en soi ou
comprimée dans une période historique récente prenant en compte
l'actualité de leur propre dépression.)
En
regardant de haut les extrêmes droites, le Lys Noir prétend que le
combat a avoir n'est pas national, religieux, moral, politique,
économique ou autre. Il ne serait qu'anthropologique. Monsieur
cherche à être global et réculé mais il est aussi et surtout
réductionniste.
A
vouloir être global et réculé quand on est aussi incapable
d'optimisme et aussi intolérant à la vue du monde (bref, faible),
on n'a difficilement d'autres solutions à préconiser que le
nihilisme. A moins que ne ce soit qu'un opium, et que le coup d'Etat
militaire, lui, soit la solution envisagée puis chérie, car
« Messieurs, quoique vous fassiez après le coup d'Etat, ce ne
sera pas pire que ce qui se passe actuellement », pensent-ils
derrière le Lys Noir.
Or
il faut s'assurer de la justesse et de la justice de ses décisions.
Dans notre contexte post-libération où la violence est
consensuellement un dernier recours, le réductionnisme (ici,
anthropologique) n'a raisonnablement pas le droit de mener à la
violence – bien qu'il s'agisse d'une violence toute relative, les
militaires usant principalement de dissuasion pour prendre le pouvoir
puisque par définition ils détiennent le pouvoir absolu d'atteindre
à l'intégrité physique des autres. Il faudrait quelque chose
d'éminemment étayé, comme le nazisme, mais passé sous le crible
de la dialectique avec des concitoyens différents afin de purger les
erreurs morales et intellectuelles, contrairement au nazisme.
Pour
ma part je trouve chez ces gens-là des ingrédients pour mon
éclectisme et un passage pour mes dialectiques. Impossible de
critiquer la gauche sans l'apport critique de la droite et d'autres,
etc. Vous pouvez trouver cela aussi naïf et attendrissant que vous voudrez ; demandez surtout si vous êtes animé par une volonté de dialogue et de tolérance à l'égard de l'extrême droite non racialiste, non violente, non nazie... il y a en a même une qui n'est pas xénophobe, hé oui, prenons Egalité et Réconciliation en exemple ; classer cette coalition dans l'extrême droite est peut-être même arbitraire et facile.
J'y
trouve aussi une prise en compte du facteur ethnologique pour
expliquer les phénomènes humains. Certes, les clichés sont des
clichés. Mais quand vous êtes originaire d'une famille
traditionnelle correspondant à un vieux cliché et quand vous êtes
fidèle à l'éducation de vos parents sans être modifié par la vie
hors de la famille, eh bien vous finissez logiquement en cliché :
un Juif évoluant dans la cupidité et la ruse, un Arabe développant
un caractère rustre et fraternel, un Chinois bosseur et occupé dont
on n'arrive jamais à percevoir la vanité... Nous somme le fruit
d'une ontogénèse complexe, et la culture dont on est issu y joue un
rôle - variable. Or cette corrélation est devenu un tabou dans
notre pays, le phénomène étant celui d'une « bienpensance
anti-raciste ». C'est aberrant. Je trouve cela aberrant car on
n'a pas à mettre de côté les facteurs explicatifs qui nous
dérangent.
Comment
ne pas être interpellé par les propos décomplexés de la droite
dure (celle qui assument les traditions et s'y identifie) dans ces
conditions ? Afin que tout un chacun critique
sa culture, on passe par la droite dure, puis on n'a qu'à
critiquer les excès du sentiment identitaire blanc, européen ou
gaulois après être sorti de l'entretien avec ladite droite dure.
J'y
trouve également une verbalisation du sentiment identitaire
qui est l'un de mes sujets fétiches car les hommes de mon monde et
ma famille elle-même heurtent mon sens universaliste et cosmopolite.
Vous êtes peut-être de famille chrétienne, trotskiste ou autre
origine à l'universalisme facile ? Une famille dont la fierté, en
plus de ne pas être exacerbée, n'est pas constamment reliée à un
peuple à part. Eh bien la mienne de famille ne jure que par la
grandeur du Peuple Elu et des Terres Sacrées d'Israël. J'ai été
assez exaspéré de la manière dont les miens regardent les
activistes sionistes : journalistes, financiers,
intellectuels, artistes, hommes politiques et présidents
d'associations vus comme des êtres de chair exploitant au mieux le
pouvoir de réaliser une eschatologie comme il y en a dans
l'imaginaire de toute famille religieuse. Je le vis bien, ça
m'apporte du grain à moudre, mais bon voilà : il est malsain
d'aduler le « progrès de l'humanité » quand on ne le
comprend que (ou surtout) comme un progrès pour sa propre
tribu. Cela s'appelle du tribalisme, et c'est dérangeant pour les
personnes comme moi qui recherchent un universalisme non pervers et
qui sont potentiellement très attirés par la fondation d'un bon cosmopolitisme
- qui est loin d'arriver car le capitalisme mondialisé est très mal
régulé et porteur d'une inégalité record. Je vois ma propre
famille comme un symptôme d'un phénomène d'ampleur mondiale
(dénoncé par Dieudonné sans les nuances nécessaires), qui ne
concerne que quelques citoyens de notre monde, mais des personnes de
pouvoir, ce qui signifie que leurs faiblesses ont pour effet
d'affaiblir le monde. Il s'agit de philosémites de pouvoir concernés
par « l'amalgame Crémieux » : pour faire simple, la
pathologie qui te fait confondre idéal universel et idéal
rabbinique, l'un est l'autre, l'autre est l'un... t'as beau être sincère, t'es atteint. Il faut te
soigner. Par la dialectique, mais tu es comme tous les autres :
tu n'en veux pas de la dialectique. Parce que tu te laisses
constamment aller à l'antagonisme avec des concitoyens qui sont par
définition tes adversaires dans le jeu démocratique et qui n'ont
pas de bonne raison d'être tes ennemis alors qu'ils le sont tout de
même. Tu
es humain - trop humain - c'est tout - mais comme tu as le pouvoir, tu
es pire que les autres puisque tu pèses sur l'ensemble des citoyens du monde.
C'est
pour cela que mes origines me poussent vers des approches
judéo-critiques comme celle d'E&R. Heureusement, en continuant à
dialectiser avec les contraires, j'ai compris que Dieudonné et Soral
étaient ce qu'il était judicieux d'appeler des « confusionnistes »
ne cherchant pas tant que cela à chasser le racisme anti-Juif
constamment alimenté par l'infinie bêtise humaine derrière
l'antisionisme contemporain affiché.
Pourquoi
les Juifs ne prennent-ils pas d'aspirine ? Parce que ça enlève
la douleur ! Cet humour (juif) fait de vous un antisémite
aujourd'hui, donc quelqu'un que l'on condamne, c'est tout.
Cher interlocuteur Mézigue/Tatamoche, vous
prenez peut-être en compte l'influence de l'abus philosémite parce
que vous n'êtes tout de même pas aveugle, mais alors, sauf exceptionnellement
chez Paresia en 2010 et en mentionnant Segré et Bensaïd récemment,
vous ne l'explicitez pas. Et certainement pas sur votre propre blog,
sûrement parce que vous êtes lu par des tribaux à la fierté mal
placée de JSS, dont voici un exemple d'intégrisme savoureux,
allègrement validé par la modération :
Marrant ce Joh-ananas.
Je
trouve dans l'ambiance de droite dure et chez Dieudo une possibilité
de me moquer des Juifs, des Arabes et des Noirs puisqu'avoir une conversation avec un membre d'une droite dure implique d'être libre du politiquement correct qui est un inhibiteur moral et
intellectuel extrêmement puissant recourant à l'auto-censure
qui créé un manque de dialogue global, des incompréhensions mutuelles,
des impunités insupportables, bref une situation kafkaïenne qui devient
de plus en plus difficile à verbaliser sans stigmatiser qui que ce
soit. J'aime parler sans concession des cultures, avoir de l'humour
corrosif sans mauvaise intention, avec une bienveillance humaniste et
universaliste car il est pour moi axiomatique que nous sommes des
êtres humains avant d'être Français, Juif, Corse ou autre.
Bienveillante pour ma part, en espérant qu'il en aille de même pour
ce concitoyen d'extrême droite à la sensibilité modifiée à sa
façon, probablement raciste, mais jusqu'à quel point ?
J'admire
l'auto-dérision, saine qualité à condition qu'elle ne soit pas là
pour combler un déficit d'amour propre. Elle est vecteur
d'auto-critique. Je pense que celui qui a à la fois de
l'auto-dérision et de l'amour-propre a un certain mérite. Ce n'est
pas donné à tout le monde. Il y a des Juifs qui regardent Dieudonné, monsieur, et des rabbins qui le soutiennent, et ceci est parfaitement cohérent.
Bon...
j'y trouve surtout des thèses aussi réductrices que chez tous les
autres. Ainsi le constat du partiel, de l'incomplet, de l'exclusif,
de l'intolérant provoque-t-il chez moi une volonté de syncrétisme,
d'éclectisme, de dialectique entre les différents - recette à
laquelle la créativité et l'innovation ne sont bien sûr jamais de
trop, et même plus que cela. C'est pourquoi je suis très tolérant
à la différence, peut-être excessivement.
A
propos de ma tolérance douteuse, j'aurais besoin d'argument moraux
contre la pratique de la mise en question sérieuse d'un génocide ou
d'un autre par un historien. En effet, si je comprend l'immoralité
d'un déni arbitraire, je ne réprouverais par exemple un Faurisson
que s'il avait d'une part manqué de sérieux et d'intégrité dans
sa démarche, et que d'autre part il l'avait fait dans l'intention de
dénier le génocide tel un gauchiste avec l'insécurité des
banlieues. Ceci est difficile à prouver sans sombrer dans le procès
d'intention qui est un sophisme à éviter absolument. De nombreux
travaux ont été effectués à ce sujet par des historiens
fonctionnaires d'Etat car l'émotion est un stimulateur. Ceci étant
dit, je ne sais pas la part de procès d'intention dans ces travaux
purement réactifs. La loi Gayssot discutablement appliquée aux
historiens participe d'un confusionnisme entre Histoire et mémoire.
D'ailleurs vous-même écrivez « Histoire », « Mémoire »
et « Loi », comme atteint d'une majusculite. Cette
trinité en majuscule n'est pas forcément anodine, ressemblant à un
symptôme de parti-pris philosophique et politique. Ne croyez-vous
pas que Kant avait la majuscule facile avec des termes comme « Loi »
parce que cela créait un contexte plus favorable à une éthique de
type déontologiste plutôt que conséquentialiste ? Une proposition
éthique annexée à la morale traditionnelle religieuse et son
propre souvenir,
son principe de précaution, sa
crainte du païen récalcitrant... je lie cette remarque à ce que la
précaution
à l'égard de la montée fasciste, ce n'est pas ce qui vous manque.
Mais je pense que la position la plus sage est celle qui, telle une
IA, prendrait en compte toutes les meilleurs précautions en même
temps. J'ai obtenu celle de la réaction philosémite avec Soral
(plutôt qu'avec Segré), j'obtiens celle du fascisme avec vous.
Soral
est-il l'Ivan Segré du petit peuple ? Que dîtes-vous ?
J'insulte Ivan Segré ? Alors faîtes sa promo ! Il est
important d'être populaire et accessible quand on est un
intellectuel intègre et de qualité s'exprimant sur un sujet très
grave ; l'enjeu peut être d'empêcher la montée du fascisme, sujet qui vous transforme en véritable lanceur de noms d'oiseaux comme on peut le voir sur le blog tatamoche. Segré n'est pas populaire. Doit-il donc
le devenir ? J'imagine. Car, et je vous le dit depuis le début,
les gens ont besoin d'être aidé à verbaliser les problèmes (ce
que les médias font très bien sur les sujets qu'ils décident),
parmi lesquels les quelques débordements philosémites. C'est pour
cela que depuis le début je vante certains mérite de Soral. On ne
peut pas le jeter à la poubelle, à moins de le remplacer. Peut-on
raisonnablement défendre un scénario où l'on n'aurait personne
pour verbaliser l'abus philosémite manifeste ? Cela relèverait
de la soumission à l'idéologie de certains puissants dans un cadre sensé être neutre et démocratique, de l'intégrisme juif façon johananiel sur JSS (Joh-ananas de son petit nom), de l'égoïsme national à l'échelle d'un bout de diaspora israélophile, d'un esprit débile
et obtus dégoulinant de vanité... Le bon sens préconise des scènes démocratiques, dans les différents pays, où le travestissement de la république censée être au dessus des communautés, le zêle judéo-protecteur et la réaction philosémite excessive sont critiquables et critiqués, sinon bonjour l'impunité de certains. Alors comment
expliquer votre mutisme à son égard, cher Mézigue ? Par
ailleurs, qu'est-ce que vous avez à répondre si je prétend que ce
dernier paragraphe est un propos sur Soral que j'ai répété depuis
le premier de mes messages ? Va-t-on enfin avancer cette fois ?
Ou s'enliser encore ? Allez-vous enfin comprendre que le blog tatamoche sera vain tant qu'il ne construira rien sur les ruines des bouffons (votre compte rendu sur Ivan Segré est un premier pas) ? que vous soyez si informé et qu'il ait fallu attendre l'été 2013 pour que vos lecteurs apprennent ou se rappellent l'existence de Bensaïd et Segré, n'est-ce pas une preuve que vous ne forcez pas du tout sur la constructivité alors que vous en êtes parfaitement capable, "Votre Indolence" ?
J'ai
sûrement oublié des trucs, mais bien à vous.