RE :
Un sous-Cantamessi ouvre son clapet puant
D'abord
sur l'antirationalisme de l'extrême droite, qu'entendez-vous par
cela, correspondant-fantôme ? Qu'elle va chercher les principes
de vie dans la tradition ou le folklore national ou régional plutôt
que dans la pratique de l'éthique entendue comme questionnement
rationnel de l'impératif hypothétique ? Mais l'obsession des
racines ne trouve-t-elle pas allègrement des équivalents
anti-rationnels dans les autres courants de pensée ? Vous le
savez bien, les manières de démentir sa volonté affichée de
rationalisme ne manquent pas, tout comme les manières d'être
rationaliste quand on est d'extrême droite.
Pour
utiliser d'autres termes : tout raisonnement trouve son
fondement dans une axiomatique arbitraire. Si la pensée d'extrême droite a son
axiomatique injustifiée, c'est aussi le cas des courants
prétendument supérieurement rationalistes.
Deux
notes sur Soral :
Premièrement,
Oui,
inlassablement, viscéralement, il emploie un vocable identitaire.
Il voit des Juifs, des WASP, des Français de souche, des Algériens,
etc, avant de voir des êtres humains – et de plus, il ne
redevient universaliste et humaniste que pour contrer un tribalisme
dont le judaïsme serait l'unique représentant comme le
prouveraient des écrits de l'Ancien Testament et surtout du Talmud.
Je
trouve cette façon de qualifier les humains grossière. Sa façon de
parler souffre de cette insuffisance commode qui est celle des gens
et qui consiste à voir des Juifs, des Corses, des Kabyles ou des
Chinois plutôt que des hommes. De mon point de vue, son discours en
est rendu alourdi et grossier.
Mais
il faut faire la différence entre le descriptif et le normatif.
Quand les gens disent, « les Arabes sont comme ceci »,
« les Juifs sont comme cela », « les Corses doivent
devenir indépendants », quand un Soral propose que « les
Chrétiens et les Musulmans fassent une alliance sacrée »,
etc, ils sont normatifs. Le fait est que : si Soral a cette
mentalité, la plupart des gens l'ont aussi, dont ses ennemis. On
peut donc penser à retirer une dimension descriptive des
discours de cet écrivain. Il s'agirait de constater que Soral est
viscéralement identitaire dans son vocable, et de se dire que les
« sionistes et soumis » qu'il fustige sont aussi
concernés par cette tendance naturelle, qu'ils ne sont pas forcément
capable de la surpasser et que donc une partie d'entre eux ont une
logique cognitive proche de cet homme.
Car
n'est-il pas vrai que les hommes se répandant souvent dans
l'exclusion, l'intolérance et le préjugé, quel que soit leur
sentiment d'appartenance, quel que soit leur livre des valeurs ?
J'ai nommé l'intégrisme, que j'entends comme une lecture simple
d'un livre des valeur quelconque qui permet la haine, l'exclusion ou
la violence.
N'est-il
pas sensible que des humanistes et des progressistes font
actuellement preuve de la plus grande des intolérance à l'égard de
concitoyens traditionalistes, régionalistes ou nationalistes tandis
que ces derniers ont eux-même tout le loisir de se complaire de la
tradition d'exclusion de l'autre qui est leur héritage ?
N'est-elle
pas parfois palpable, cette douce tendance à l'intégrisme laïcard
chez une Caroline Fourest ou un Vincent Peillon ? La Révolution
française, après n'avoir été que matérielle, doit encore
urgemment se faire dans les esprits, nous dit notre ministre de
l'éducation, clairement contre les religions, qui ont d'ailleurs
comme remarquable substance élémentaire la misogynie, au sens de la
féministe androgyne.
Quid
d'un Guy Millière et sa propension immodérée à l'intégrisme
néoconservateur hérité des doctrines Wilson et Bush ?
Imposer, par la force militaire et son lot de crimes injustes, à des
pays incapable de se défendre, sa propre vision de la démocratie,
n'est-il pas du même niveau intellectuel et moral que la démarche
démente d'un Ben Laden ?
Ne
sont-ils pas explosifs quand ils sont médiatisés, les intégrismes
sionistes derrière les actes de violence d'une Ligue de Défense Juive ou des prêches
de certains rabbins américains ? N'y a-t-il pas une possible
forme civilisée et larvée d'intégrisme juif ou philosémite
qui a tout le loisir de se glisser dans l'éthique et les mots des intellectuels, présidents
d'association, hommes politiques ou artistes qui sont concernés par
un fort sentiment identitaire ou un zèle à propos de la question juive
ou israélienne ?
Quant
aux intégrismes musulmans et chrétiens, pourquoi les commenter
alors que les médias n'ont déjà d'yeux que pour eux...
Pensons
donc à la dimension descriptive du soralisme : les ennemis
« sionistes ou soumis au sionisme » de Soral ont parfois sa propre
logique cognitive d'individu borné aux racines, une faiblesse humaine commode, populaire et intemporelle. De ce fait, ses ennemis ont tout
le loisir d'agir un peu comme il le décrit lui-même.
Deuxièmement,
Oui,
l'historienne Sigaut et Soral sont anti-Lumière, ce qui reviendrait
à fustiger certains progrès dont pourtant ils bénéficient et
vantent les mérites dans d'autres circonstances (contre la menace
rétrograde "sioniste" généralement). On vit avec ses contradictions.
Mais Soral fait plus que vivre avec ses contradictions : il a
plusieurs fois, en conférence, ou sur son canapé rouge, parlé en
terme d'ambivalence et de dialectique à faire concernant les Lumières et la
Révolution française, lui qui a l'habitude de se mettre dans des
pétrins où il doit sortir de son chapeau magique la complexité
d'un monde qu'il a lui-même simplifié.
En
effet, il explique à un public parmi lesquels comptent des
régionalistes, des royalistes et des libéraux de droite dure, qu'il
est jacobin, républicain et pro-fonctionnariat. Il fait l'éloge
d'auteurs hautement progressistes ayant soutenu la Révolution
française tels que Rousseau et défend l'héritage révolutionnaire
- généralement contre l'ennemi "sioniste" présenté comme tribal et
racialiste, donc rétrograde et dangereux.
Et par ailleurs, aux côtés de Sigaut, dans une grille de lecture
marxiste, il est virulent à l'encontre des Lumières présentés
comme les complices d'une révolution qui n'aurait été voulue que par
des bourgeois et qui n'aurait profité qu'à leur propre classe
sociale. Soral pointe du doigt ce qui serait un effet pervers majeur
de la Révolution française : une permission de la religion de
l'économisme, du scientisme et du progressisme, en offrant à ces
dogmes nouveaux, sur un plateau d'argent, tous les outils
nécessaires.
Après
avoir entendu sa critique massive de la Révolution française, on se
demande s'il ne préfère pas le catholicisme d'Etat à la république. Eh bien oui et
non car à l'humanisme catholique coexista l'Inquisition, il le sait
très bien et le dit. A la république : il dit oui et non ; au
catholicisme d'Etat : il dit oui et non. « L'anti-Lumière »
Soral n'est pas si « anti » que cela. C'est un
conférencier qui explicite de temps en temps l'ambivalence et la
dialectique (aux crânes rasés et aux banlieusards réunis), ce qui
en soi est plus un mérite qu'une tare, cela va de soi.
D'ailleurs à ce propos, il pourrait donner à Mézigue des leçons qui lui seraient bien utiles pour qu'il cesse de traiter ses concitoyens réactionnaires de façon si expéditive. Pas de démocratie possible quand on retire à un concitoyen son ambivalence.
Vous êtes en panne ?
RépondreSupprimerAccepter Soral et Attali mais ne pas toujours y penser.
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